Une icône est une image qui re-présente une Présence invisible, ou, comme disent les Pères ’le visible de l’Invisible’.
Or, le premier à faire une icône, c’est Dieu. Dieu invisible, pour se communiquer, a voulu se donner une image, Adam (en hébreu), homme et femme ensemble (cf. Gn).
_ L’Adam,
fait de rien et de Dieu,
des ténèbres et de la Lumière,
de la glaise et de la Vie,
l’homme, monte jour après jour vers la Lumière,
vers l’Icône parfaite, Jésus-Christ.
L’icône sur bois raconte, non plus avec de l’encre et du papier blanc, mais avec un procédé, des formes et des couleurs, cette icône merveilleuse qui révèle Dieu et nous révèle.
Le bois, préparé comme un autel, lieu de la Présence, est encollé, toilé, enduit, à l’image du corps humain, véritable autel. Sur cet enduit est gravé le sujet de l’icône pour exprimer la prise de possession de l’intérieur de l’Esprit : « Dieu insuffla dans la glaise son souffle de vie » (Gn).
Puis paraît la lumière, l’or, symbole de la lumière incréée qui donnera vie à tout le créé comme le décrit la Genèse. C’est à partir de ce chaos, mélange de ténèbres - noir - et de lumière - ocre jaune - que l’iconographe fait monter toute son icône jusqu’à l’apparition du visage dans la gloire - le blanc, éclat de la lumière-
. L’être humain, en montant vers la lumière, rencontre Dieu de plus en plus. Cette icône qui apparaît dans l’absence, à partir du tohu-bohu primitif (le mal et la confusion en nous) manifeste de plus en plus la Présence, Présence aimante, agissante, transformante, et cette puissance de transformation est exprimée par le vêtement qui tourne autour des articulations des membres du corps, comme une énergie. L’icône manifeste au-dehors ce qui est au-dedans de nous. Et cette énergie transfigure nos ténèbres en lumière, nos morts en vie.
Deux mystères sont toujours manifestés dans une icône :
l’incarnation : Dieu prend possession de la matière
et la transfiguration de cette matière.
Ainsi l’icône est manifestation de la Parole, Parole incarnée, donnée à nous par le moyen du regard, l’œil étant une source selon l’étymologie hébraïque.
Face à l’icône, on ne parle pas, on regarde, et toute la Parole coule en nous par le regard, et nous coulons en elle. Ainsi, elle est présence et communion.
Sr Marie-Paul