Anne naît le 20 septembre 1599 ; elle est la troisième fille de Messire Jean de Goulaine, Seigneur et Baron du Fauoüet, cadet du marquis de Goulaine, et de Madame Anne de Ploeuc, sœur du marquis de Timeur, une des plus illustres familles de Bretagne. Dès son enfance, Anne est favorisée de grâces extraordinaires : alors que sa gouvernante essaie en vain de lui faire retenir l’Ave Maria, le Seigneur lui envoie un Ange pour le lui apprendre ! Elle est miraculeusement soulagée dans ses fréquentes maladies par la visite des saints, mais aussi fort attaquée par le diable.
Lorsqu’elle atteint l’âge de 18 ans, ses parents veulent la marier ; son refus lui vaut de mauvais traitements, surtout de la part de son père. A la mort de celui-ci, sa mère renonce à ses projets et la laisse à sa dévotion. Elle passe alors ses nuits en oraison et emploie le jour à visiter et soigner les malades du voisinage malgré les terribles épreuves de santé dont elle est affligée. Elle reçoit des visions du Seigneur et de la Vierge.
Une communauté de la Congrégation s’étant établie à Morlaix, où sa sœur était sous-Prieure, elle demande à y être reçue. Il ne faut pas moins d’un miracle pour que sa mère y consente. Il lui est accordé : le 4 août 1629, celle-ci la conduit elle-même : Ma Mère, dit-elle à la Prieure, voilà mon trésor, que je vous donne, ou plutôt à Dieu par vous. Le 4 novembre de la même année elle reçoit l’habit et le nom de sœur Anne-Marie de Jésus Crucifié. Pendant son noviciat, elle continue à avoir de fréquentes extases mais ces voies si extraordinaires lui engendrent plus de mortifications que de complaisances car on la fait passer par de rigoureuses épreuves pour vérifier si elles venaient du bon Esprit ! Ce qui était étonnant, « c’est que ce trait puissant qui la possédait et l’attirait à la conversation céleste, ne l’empêchait pas d’agir extérieurement et de vaquer aux œuvres de charité et d’obéissance et d’assister à toutes les observances ». Le vendredi saint 1630, et ensuite chaque vendredi, elle reçoit les stigmates. Le 27 juin 1631, elle fait profession avec une grande ferveur. Et voici qu’après avoir prononcé ses vœux devant le Saint Sacrement exposé, un rayon de la Sainte Hostie vient se poser dans un cœur qu’elle avait dessiné sur sa charte, au-dessous de sa signature, y laissant une petite goutte de Sang que l’on peut encore voir aujourd’hui.
Après sa profession, elle est envoyée à Paris où elle continue à vivre dans une grande union à Dieu, humilité et charité. Elle sera l’une des protagonistes du vœu de Louis XIII. Ayant demandé au Seigneur de lui retirer ses manifestations extraordinaires, elle est affligée de nombreuses et cruelles maladies qu’elle supporte avec une patience héroïque.
Finalement, elle rend sa belle âme au Seigneur le 4 septembre 1653, à l’âge de 53 ans.